Workshop
Botswana: A model for Africa
Internationally renowned experts such as Daron Acemoglu, Simon Johnson, and James A. Robinson have been attracted by the development model of this country and their conclusion deserves special attention.
In their article, “An African Success Story: Botswana“, published in MIT’s internal publications in July 2001, the authors maintain that the success of Botswana is due to the establishment of appropriate institutions capable of respecting the rules of law and have them respected, as well as to the adoption of appropriate economic policies.
A fundamental question then arises: why are these institutions successful in Botswana while instead they struggle to settle in the rest of Africa? The authors provide the following answers: Botswana still had relatively inclusive pre-colonial institutions that established and enforced the operational rules of its political élite. These inclusive institutions work to the benefit of the general interest, unlike the extractive institutions dedicated to the defense of a group, an élite, a clan, or a caste that you can find in most African countries.
Furthermore, if diamonds – it is the third largest diamond producer in the world – have played an important role in Botswana’s economic performance, they cannot be held to be solely responsible for it. By the way, in the rest of Africa, the curse of natural resources is often mentioned. Unfortunately, in countries like the Democratic Republic of Congo, Southern Sudan, Congo Brazzaville, etc., which are richer in natural resources than Botswana, the availability of these resources has generated much more problems than it has helped to solve.
Apart from its economic prosperity and the high standard of living of the Botswana people, all the indicators used to measure the progress of a country give positive results for Botswana.
In terms of good governance, according to the Ibrahim index used to measure good governance in the world, Botswana ranks third in the African continent behind Mauritius and Cape Verde.
Concerning the stability of the country, according to the Global Peace Index (GPI) 2014 published on June 17 by the Institute for Economics and Peace (IEP), Botswana is the 2nd more peaceful country in Africa behind Mauritius and ranks 36th in the world.
Indeed, the Global Peace Index measures the level of peace in 162 countries by taking into account 22 indicators that allow to appreciate the absence of violent acts or the absence of the fear of violent acts. These indicators are divided into three main themes: the level of safety and security within society, the extent of internal and external conflicts, and the degree of militarization in each country. The lower the global index, the more peaceful the country is.
As far as its democratic achievement is concerned, several analysts agree that the success of Botswana is the result of a long tradition of open discussion and consensus-building.
Indeed, long before the British protectorate, the powers of the traditional chiefs were already limited, and life in the villages was governed by the “Kgotla“, i.e., the regular assembly of the members of the clan, which met under the shadow of the central tree of the village, where the men of the community could freely discuss any decision. The preservation of this tradition by the successive authorities has helped to preserve the social cohesion and the economic and socio-political development of this country. The value attributed to traditional leaders in today’s governance reflects the complementarity between the values of modern democracy and the traditional values of African cultures.
This complementarity is manifested in the setting up of, for example, a very original institution in Botswana called “the Chamber of Chiefs“. It is an institution made up of 15 members including 8 traditional (hereditary) chiefs of the main tribes of Botswana as stipulated in the Constitution. The latter has an important role in all decisions concerning the lives of citizens (economic, socio-political, and cultural issues). The members of the Chamber of Chiefs may also take up any other matter that they consider relevant to the life of the Nation. To explain how this outcome was achieved, the different analysts remark that the authorities have succeeded in keeping and cultivating the structural embryo of public service inherited from the British after independence by guaranteeing a stable and well prepared public administration, based on meritocracy, fight against Corruption, bureaucratic efficiency, and transparency. The transparency rate dating from 2016, for example, stands at 6.1 on a scale of 10 and makes Botswana the least corrupt country on the African continent.
The determination and the spirit of tolerance of the leaders of this country, considered by Nelson Mandela as “examples” to follow, remain an inspiration for the other countries of the continent and the whole world. “We have a lot to learn from you,” said South African leader Nelson Mandela to the people of Botswana.
Original Language
Botswana : Un modèle pour l’Afrique
Si plusieurs pays du continent africains sont connus à cause des guerres civiles, de la pauvreté extrême, de la dictature, de la corruption, le Botswana peut faire une exception du continent.
En effet, il s’agit d’un pays enclavé d’Afrique australe, en grande partie désertique riche en ressources diamantifères, peu densément peuplé avec une population avoisinant autour de deux millions d’habitants.
Économiquement parlant, il est un des rares pays africains qui a connu l’une des plus fortes croissances au monde depuis les années 1960, grâce à l’exploitation de ses très riches ressources en diamants mais surtout grâce à la bonne gestion qui a caractérisé les dirigeants de ce pays depuis l’indépendance. Sur la croissance économique par exemple, pendant que le reste de l’Afrique a connu un taux moyen de croissance économique négatif de -0.3 % sur la période allant de 1965 à 1998, le Botswana a enregistré sur la même période un taux moyen de croissance de 7.7 %. Une performance qui était, à l’époque, supérieure à celle des tigres asiatiques qui ont réalisé des miracles de croissance économique au cours du dernier quart de siècle. Dans cette perspective, ce pays de référence pour l’Afrique a multiplié par 11 le niveau de vie de ses citoyens entre 1960 et 2007 selon le rapport de la Banque Mondiale de 2008.
Des experts de renommé international comme Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson ont été attiré par le modèle de développement de ce pays et leur conclusion mérite une attention particulière.
Dans leur article intitulé : «An African Succes Story : Botswana», paru dans les publications internes du MIT en juillet 2001, les auteurs affirment que le succès du Botswana est dû à la mise en place d’institutions appropriées capables de respecter et de faire respecter les règles de droit ainsi qu’à l’adoption de politiques économiques appropriées.
Une question fondamentale se pose alors: pourquoi ces institutions émergent au Botswana mais peinent à s’implanter dans le reste de l’Afrique ? Les auteurs fournissent les éléments de réponse suivants: Le Botswana disposait des institutions précoloniales relativement inclusives qui établissaient et faisaient respecter les règles de fonctionnement de l’élite politique. Ces institutions inclusives œuvrent au profit de l’intérêt général contrairement aux institutions extractives vouées à la défense d’un groupe, d’une élite, d’un clan ou d’une caste qu’on rencontre dans la plus part des pays africains.
En outre, si le diamant dont il est le troisième producteur mondial a joué un rôle important dans la performance économique du Botswana, il ne peut être tenu pour en être l’unique responsable. D’ailleurs, dans le reste de l’Afrique, on parle souvent de la malédiction des ressources naturelles. Malheureusement, dans les pays comme la RDC, soudan du Sud, Congo Brazzaville, etc plus riche en ressource naturelle que le Botswana, la disponibilité de ces ressources a généré beaucoup plus de problèmes qu’elle ne contribue à en résoudre.
A part sa prospérité économique et le niveau de vie élevé du peuple Botswanais, tous les indicateurs utilisés pour mesurer le progrès d’un pays donnent favori à ce pays.
En matière de bonne gouvernance, selon d’indice Ibrahim utilisé pour mesurer la bonne gouvernance dans le monde, le Botswana vient en troisième position sur le continent africain derrière l’Île de Maurice et le Cap Vert
Parlant de la stabilité du pays, selon l’Indice mondial de la paix 2014 (Global Peace Index /GPI 2014) publié le 17 juin par l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), le Botswana est le 2ème pays le plus pacifique en Afrique derrière l’île Maurice et occupe la 36ème position sur le plan mondial.
En effet, le Global Peace Index mesure le niveau de paix dans 162 pays en prenant en compte 22 indicateurs qui permettent d’apprécier l’absence d’actes violents ou de la peur d’actes violents. Ces indicateurs sont répartis sur trois grands thèmes : le niveau de sûreté et de sécurité dans les sociétés, l’ampleur des conflits internes et externes, et le degré de militarisation de chaque pays. Plus l’indice global est bas, plus le pays est considéré comme étant pacifique.
Pour sa réussite démocratique, plusieurs analystes s’accordent que le succès du Botswana résulte d’une longue tradition de discussion et de recherche du consensus.
En effet, bien avant le protectorat britannique, les pouvoirs des Chefs traditionnels étaient en effet limités, et la vie des villages était gouvernée par la « Kgotla », c’est-à-dire l’Assemblée régulière des membres du clan, à l’ombre de l’arbre central du village, où les hommes de la communauté pouvaient discuter librement des décisions les concernant. La conservation de cette tradition par les autorités qui se sont succédé es a aidé à préserver la cohésion sociale et le développement économique et socio-politique de ce pays.
La valeur accordée aux chefs traditionnels dans le gouvernance actuelle témoigne la complémentarité entre les valeurs de la démocratie moderne et les valeurs traditionnelles des cultures africaines. Cette complémentarité se manifeste dans la mise en place par exemple d’une institution tout à fait originale au Botswana appelée « la Chambre des Chefs ».
Il s’agit d’une institution composée par 15 membres dont 8 Chefs traditionnels (héréditaires) des principales tribus du Botswana comme le prévoit la constitution. Cette dernière a un rôle important pour toutes les décisions qui regardent la vie des citoyens (questions économiques, socio-politiques et culturelles). Les membres de la Chambre des Chefs peuvent également se saisir de tout autre sujet qu’ils estimeraient pertinent pour la vie de la Nation.
Pour arrive à ces résultats les différents analystes font noter que les autorités ont su maintenir et entretenir l’embryon de structure de service public hérité des Anglais après l’indépendance en garantissant une administration publique stable et compétente, basée sur la méritocratie, la lutte contre la corruption, l’efficience bureaucratique et la transparence. Le taux de transparence datant de 2016 par exemple s’élève à de 6,1 sur une échelle de 10 et fait du Botswana le pays le moins corrompu du continent africain.
La détermination et l’esprit de tolérance des leaders de ce pays, que Nelson Mandela considérait comme des «exemples», demeure une source d’inspiration pour les autres pays du continent et du monde entier. «Nous avons beaucoup à apprendre de vous», déclarait le leader sud-africain Nelson Mandela au peuple du Botswana.