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Workshop

Les défis de « The Economy of Francesco »

 
12 août 2022   |   , ,
 

Retenez bien ces dates, 22, 23, 24 septembre, ainsi que ce lieu, Assise, car ce sont les coordonnées de The Economy of Francesco: jeunes entrepreneurs, économistes, changemakers, réunis il y a quelques années déjà par le pape François pour donner une âme à l’économie. Nous en parlons avec Lourdes Hercules, journaliste guatémaltèque qui travaille à ce rassemblement.

Lourdes Hercules, tu es journaliste, tu vis au Guatemala et travailles sur ce projet depuis longtemps. À mon avis, bien qu’on en parle beaucoup, certains ne savent pas vraiment ce qu’est The Economy of Francesco. Peux-tu nous en parler ?

LOURDES HERCULES : « The Economy of Francesco est une communauté mondiale de jeunes entrepreneurs, chercheurs, économistes et surtout changemakers, œuvrant déjà à un processus de changement.  Nous souhaitons donner une âme à l’économie du futur, en prenant soin des plus vulnérables, de la « maison commune » et de nombreux aspects de l’économie mondiale, qui sont importants et que nous voulons changer. Parlons donc avant tout d’un processus.  C’est cela que le pape François nous a demandé en 2019, lorsqu’il nous a envoyé une lettre d’invitation à entamer ce mouvement de changement ».

Dissipons d’emblée le doute : quand il s’agit de François, entendons-nous saint François d’Assise ou le pape François ? Qui des deux fit cet appel à vous réunir ?

LH : « En fait, ce sont les deux.  Cet événement, par exemple, aura lieu à Assise parce que c’est aussi une façon de suivre les pas de saint François, il nous a laissé un message qui est toujours d’actualité.  Il y a tous les édifices, les structures qui parlent encore de lui et qui ont tant à nous dire sur la finance, la pauvreté.  Ses messages parlent de soins et continuent d’avoir quelque chose à nous apprendre. Et puis il y a le Pape François : d’une part, c’est lui qui nous a fait cette invitation, et nous, les jeunes, y avons répondu.  Puis, parce qu’à travers ses encycliques il nous a transmis un message, un chemin à suivre: nous pouvons apporter ce message avant tout à l’économie. Nous parlons de l’encyclique « Laudato si », mais aussi de « Fratelli tutti ». Tous deux, saint François d’Assise et le pape François, sont « The Economy of Francesco ».

Cela rend donc le message de saint François encore plus actuel…

LH : « C’est vrai ! Précisément dans cet événement de septembre , il y aura une journée entièrement consacrée à l’approfondissement du message de saint François, pour en saisir l’actualité.  Il y a quelque temps, nous parlions à la militante écologiste Vandana Shiva, elle aussi disait : « mes recherches, mon travail ont été largement inspirés par saint François » – et elle, indienne, déclarait : « Je crois que le mantra de l’avenir soit précisément les paroles de saint François : ce n’est qu’en donnant que l’on reçoit ».

Combien de personnes font-elles partie de cette « community »?

LH: « La community est très grande, nous parlons de milliers de jeunes qui se sont déjà engagés dans leur propre champ d’activité, dans leurs pays respectifs. Parlant de l’événement de septembre, ce sont un millier de jeunes qui seront présents à Assise. En réalité, The Economy of Francesco, en tant que communauté mondiale, est beaucoup plus large et comprend des jeunes dans les universités, ceux ayant déjá leurs propres entreprises, ceux œuvrant dans le monde de la finance, dans de grandes sociétés, dans des industries et des exploitations agricoles. Disons donc que c’est une très, très grande communauté qui touche surtout les jeunes, mais aussi les moins jeunes qui sont intéressés et engagés à vivre l’économie de François ».

Est-ce une communauté ouverte? Ceux qui partagent ce type de valeurs peuvent-ils y adhérer ?

LOURDES: « Oui, il y a plusieurs façons d’adhérer à The Economy of Francesco.  D’abord par le biais des informations émises régulièrement, afin de mettre les gens au courant de qui se passe.  Puis au sein de The Economy of Francesco : par exemple, par deux écoles de formation déjà organisées en vue d’approfondir divers thèmes économiques. La première sur le thème des biens communs. La seconde suscitée pour « écouter les plantes » et créer un nouveau paradigme économique. Ensuite, il y a une communauté de recherche, avec de jeunes chercheurs. Il y aussi une communauté d’entrepreneurs qui continuent de se former sur la façon de fonder des entreprises. Il y a les événements « living », organisés dans les régions qui veulent aller plus avant dans les thèmes de The Economy of Francesco et s’efforcent, dans la continuité, de parler d’une nouvelle économie.   Parce que, précisément, s’agissant d’un processus, on ne change pas l’économie avec un seul événement, une seule action, mais cela doit être une chose constante, soit un processus.  Ces événements régionaux sont ainsi importants, dans leur tentative d’associer au changement de l’économie les universités, écoles, paroisses et mouvements. C’est ainsi qu’interagit la communauté mondiale de The Economy of Francesco. »

J’imagine qu’une grande partie du temps est consacrée à recueillir des histoires, des bonnes pratiques déjà avérées dans le domaine. Y a-t-il des histoires qui t’ont particulièrement frappée et fait penser qu’il est vraiment possible de changer l’économie?

LH : « Il y a plusieurs histoires, par exemple celle de la Farm of Francesco, un projet qui veut donner vie à un nouveau type de fermes dans le monde entier. Des fermes qui prennent soin de l’environnement, des plus vulnérables. Deux sont nées avec cet objectif : l’une au Brésil et l’autre au Nigeria. Il y a aussi un projet appelé Pacar School.  Les jeunes de cette communauté, de The Economy of Francesco, se sont organisés en allant en Zambie, et, là, ont créé un projet pour qui n’a pas d’accès facile à l’éducation.  Ils ont apporté un soutien technologique aux enfants d’une école du pays, tout en donnant continuité à ce travail par un projet d’éducation des enseignants. Ils sont partis de ça, de l’éducation.  Un autre projet est celui d’éducation financière, surtout destiné aux petits entrepreneurs. Voilà des histoires qui t’amènent à penser qu’en vérité nous ne parlons pas d’utopie mais de véritables processus déjà en cours. »

Avec tout ce qui se passe, je pense que, pour avancer, il est vraiment important de construire ce réseau. Peut-être The Economy of Francesco est-ce aussi un moyen de nous donner du courage, est-ce vrai ?

LH : « Oui, c’est vrai. The Economy of Francesco acquiert une grande force dans les régions où naissent ces initiatives au niveau local. Mais, il est également vrai que ces jeunes se sentent faire partie d’une communauté déjà à l’œuvre depuis deux ans.  La réunion de septembre sera un moment de fête au cours duquel nous rencontrerons pour de vrai les visages qui sont généralement derrière un ordinateur.  Mais ce sera aussi le moment de récolter.  Étant donné que ces dernières années tant de projets ont vu le jour, ce sera aussi le temps de dire: « Voici ce qui fut fait jusqu’à présent. Voici ce que nous avons pu découvrir, ici sont les problèmes, ici les solutions ». Par conséquent, ce sera aussi un moment de rassemblement d’idées, car nous voulons avant tout concevoir des projets, donner naissance à de nouvelles choses, qui soient orientés vers l’avenir.  Ce sera aussi l’occasion d’un pacte, d’une part, personnel, parce que c’est un choix, une vocation personnelle.  D’autre part, collectif, et il le sera en compagnie du pape François, pour dire que nous sommes vraiment des jeunes engagés à créer, à donner vie à ce processus de changement, pour faire naître une économie qui ait une âme » .

Le pape François viendra également à Assise ; peux-tu m’en dire un peu plus sur le déroulement de ces trois jours?

LH: « Bien sûr ! Tout d’abord,  il y aura quelques moments de rencontre.  Nous débutons le 22 septembre avec un moment de fête. Mais ce sera aussi un moment pour entendre la voix de jeunes qui ont des projets à raconter, des idées à proposer, qui ont peut-être fait des recherches et qui en inspirent aussi d’autres. Ensuite, il y aura des plénières, des ateliers. Nous le décrivons un peu comme un laboratoire qui permette aux participants de créer leur propre agenda, avec la possibilité de choisir les sujets qui les intéressent le plus et les thèmes qu’ils veulent approfondir, et à travers quels ateliers. Puis, le deuxième jour, il y aura un moment de rencontre avec saint François.  Dans le sens où il y aura la possibilité de faire le tour de toute la ville d’Assise, une ville qui parle de paix et de fraternité, qui a son message propre.  Il yaura une rencontre spirituelle et sur le plan des idées avec saint François.  Ensuite, il y aura une activité très forte dans les 12 villages, car The Economy of Francesco est divisée en 12 villages qui réunissent les thèmes que nous ne mettons généralement pas ensemble : finance et humanité, travail et soin, etc …  Ces 12 villages seront également des villages physiques où les jeunes pourront travailler et approfondir ces thèmes.  Puis, le troisième jour, très important, parce que nous serons toute la matinée avec le pape François. Avec lui nous conclurons un pacte commun vers l’avenir. Dans l’après-midi, ce sera à nouveau l’occasion de développer ces thèmes économiques, à travers différents ateliers et plénières ».

Pour toi personnellement, aussi en tant que communicatrice, qu’est-ce que cela signifie de travailler à un projet qui est un défi?

LH : « Comme journaliste, cela signifie apprendre à communiquer d’une manière différente.  Nous ne pouvons pas parler d’une nouvelle économie sans une nouvelle forme de communiquer l’économie elle-même, une forme différente de celle à laquelle nous sommes habitués.  Déjà la manière de communiquer The Economy of Francesco représente un défi, car cela signifie toujours penser non seulement à l’économie, mais aussi à la personne, c’est toujours donner un visage.  Je me rends compte qu’en réalité parler d’économie est quelque chose qui intéresse tout le monde, parce que l’économie se crée avec des choix quotidiens, avec des choix de consommation, avec celui de l’endroit où j’investis mes ressources, avec celui qui connaît mes périphéries.  De ce fait, ce n’est pas un message éloigné de nous, citoyens « non-économistes », mais c’est quelque chose de très proche, très proche de tout le monde ».

ÉCOLE EOF : https://francescoeconomy.org/it/listening-to-plants-for-a-new-economic-paradigm-eof-school-2022/

FARM OF FRANCESCO: https://francescoeconomy.org/it/a-fire-that-kindles-other-fire-the-farm-of-francesco/

PACAR SCHOOL : https://francescoeconomy.org/it/pacar-project-in-zambia/

LES 12 VILLAGES : https://francescoeconomy.org/it/eof-villages/


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