Par Amanda Cima

Fut inaugurée à Mangone, province de Cosence (Calabre), Italie, la fabrique de pâtes alimentaires « SAM ». Un résultat du projet « Fare sistema oltre l’accoglienza » (trad. « Faire système en plus de l’accueil »), agissant comme incubateur d’entreprises

Les trois sont très jeunes – Sadia Diaby, 23 ans, Adama Traoré, 23 ans, tous deux sénégalais, Madi Minougouy, 22 ans, de Côte d’Ivoire – et sont les entrepreneurs ayant inauguré leur usine de pâtes alimentaires le samedi 22 avril à Mangone (CS) : ils ont en effet formé la coopérative SAM (d’après les initiales de leurs prénoms), une entreprise de production de pâtes fraîches et d’hosties – pour celles-ci avec la marque « PARTICULA – pane per la messa ».  On pourrait dire que c’est pour le moins curieux en fonction du fait que les trois sont musulmans, mais c’est d’autant plus un signe d’intégration, de même que de volonté de dialogue entre religions diverses.

La naissance de la coopérative fut stimulée par le projet « Fare sistema oltre l’accoglienza », soutenu par la Fondazione con il Sud, par les coopératives Fo.Co., de Chiaramonte Gulfi (Rg) et Mi.Fa., de Cosence, Amu (Action Monde Uni) et AFN (Action Familles Nouvelles). Aujourd’hui, Sadia, Adama et Madi fabriquent et vendent leurs produits déjà appréciés par de nombreuses familles, restaurants et détaillants.

Ont coupé le ruban inaugural le président de la coopérative, Adama Traoré, avec ses collègues Sadia Diaby, Madi Monougouy, le maire, Orazio Berardi, le curé de Piano Lago, Don Franco Staffa. Étaient également présents le maire de Rogliano, Giovanni Altomare, avec le président du conseil communal, Antonio Simarco et la maire de Santo Stefano di Rogliano, Lucia Nicoletti. Les trois jeunes entrepreneurs ont également reçu la salutation de l’imam Mokhtar Dramé.

Le projet d’usine de pâtes SAM est parti de loin.  Sadia, Madi et Adama sont arrivés, mineurs, en Italie, il y a cinq ans. Jeunes, ils avaient beaucoup de rêves en tête : après avoir bravé la mer et ses dangers, ils ont débarqué en Calabre, à Corigliano. Ils furent recueillis par le Système d’Accueil et d’Intégration (SAI) de Rogliano « Casa Ismaele », géré par les coopératives Fo.Co. et Mi.Fa., ainsi que l’AFN.

Voilà deux ans, le tournant. Après avoir appris la langue et un métier, ils ont choisi d’être fabricants de pâtes, en suivant un cours.  Le projet « Fare Sistema oltre l’Accoglienza » a agi comme un incubateur d’entreprises : il les a accompagnés de façon suivie. Au cours de ces années, divers obstacles bureaucratiques ont ralenti leur parcours. Mais, aujourd’hui, le rêve est devenu réalité.

« Nous sommes heureux d’avoir réalisé notre rêve et de pouvoir le faire ici, en Calabre, dans la terre qui nous a accueillis. Aujourd’hui, enfin, l’avenir dont nous rêvions est devenu réalité. – a déclaré Madi Minougouy – Ceux qui ont déjà goûté à nos produits les ont appréciés : nous avons tout misé sur la qualité et invitons chacun et chacune à venir les déguster ».

« La fabrique de pâtes artisanales SAM est née grâce au projet « Fare sistema oltre l’accoglienza » – explique Salvatore Brullo, directeur général de Fo.Co.  – ici, à Rogliano, nous travaillons à la formation et à l’insertion professionnelle. Je voudrais souligner un fait :  ce n’est pas un projet d’accueil, ce n’est pas une expérience de bonne intégration, mais c’est une entreprise start up. Ces jeunes apportent leur contribution à la société en démarrant une activité productive, en générant des profits et de la richesse sur le plan de la société, payant des impôts, des contributions sociales, des loyers.  C’est une activité innovatrice, issue d’un besoin : nous la soutenons, ces jeunes la mènent de manière exceptionnelle ».

« C’est une très belle expérience de collaboration entre différentes entités et associations – commente Gaetano Gabriele, président de la coopérative Mi.Fa.  – Je me souviens encore du jour où, il y a cinq ans, nous sommes allés chercher ces gars à Corigliano. Mineurs, ils venaient de débarquer. Puis ils furent confiés à Casa Ismaele, ils y ont grandi, ils y ont été formés. Puis apparut l’occasion de proposer ce projet d’entreprise. Au début se sont impliqués de jeunes italiens et étrangers. À la fin il ne restait qu’eux. Nous avons été touchés par leur décision de produire, outre des pâtes fraîches, des hosties. Ils nous ont dit : « Nous voulons produire le pain pour la messe de nos frères chrétiens ».

« Quand j’ai connu Adama, Madi et Sadia – explique Giovanni Calabrese, responsable du projet « Fare sistema oltre l’accoglienza » – j’ai été frappé par leur désir de se risquer, de réaliser leur rêve, sans jamais abandonner ni se décourager. Autour de ce projet, il y a eu un vaste réseau de collaboration, d’individus et d’entreprises. Parmi ceux-ci, le Molino Casillo di Corato, dans les Pouilles qui, à travers la Fondation Casillo, a apporté une contribution importante à la réalisation de la fabrique, en faisant don de 1000 kilos de farine pour la phase de démarrage. Toutefois, la contribution majeure fut apportée par ces trois jeunes, qui ont cru au projet et s’y sont dépensés à fond. Ils y ont cru et, malgré les obstacles bureaucratiques, ont réussi à en atteindre l’objectif. Actuellement, sont déjà nombreux celles et ceux qui ont acheté leurs produits, par ailleurs vraiment bons et très appréciés ».

Voici la vidéo de l’inauguration et les interviews.

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