United World Project

Workshop

Le Genfest et le Gen Verde : le témoignage d’Anita Martínez

 
15 novembre 2024   |   Brésil, genfest 2024, Gen Verde
 

Voici le témoignage d’Anita Martínez, du Gen Verde, qui a vécu en première personne le Genfest, l’évènement international des jeunes du Mouvement des Focolari.

2024 a été l’année du Genfest à Aparecida, au Brésil : une grande opportunité pour les jeunes du monde entier. Nous l’avons raconté à travers plusieurs articles et interviews sur l’histoire et l’actualité de cet évènement extraordinaire, organisé pour continuer à bâtir l’unité et la fraternité entre les peuples. Nous ne pouvions donc pas ne pas écouter les témoignages de deux collaboratrices historiques de United World Project :  Anita Martínez et Luísa Rodrigues.

Anita Martinez e Lu
Anita Martinez e Luísa Rodrigues – UWP

Elles ont vécu directement cet évènement articulé en trois phases et nous sommes convaincus que leurs souvenirs et leurs réflexions peuvent être utiles pour mieux comprendre la valeur de ce rendez-vous exceptionnel. Après les réflexions de Luisa, voici les mots tout aussi précieux d’Anita, qui nous parle aussi du travail du Gen Verde. Également avec elle, nous sommes partis du début.

Quand as-tu su que tu allais participer au Genfest au Brésil ?

Étant responsable de la communication et social media manager du Gen Verde, je l’ai su lorsqu’il a été confirmé que le groupe allait partir à Aparecida.

Comment s’est déroulé ton travail là-bas ?

Il a commencé avant même d’arriver au Brésil, avec la promotion de la participation du groupe à l’évènement et plus particulièrement de la chanson écrite pour l’occasion, « Start Here and Now », réalisée avec la participation de Banda Unita (le groupe musical du Genfest) et AsOne (un groupe de jeunes italiens).

"Start Here and Now" by Gen Verde (ft. Banda Unità & AsOne)
« Start Here and Now » by Gen Verde (ft. Banda Unità & AsOne)

Et ensuite ?

Les jours au Brésil ont été très intenses car le Gen Verde a réalisé de nombreuses activités : concerts, conférences, ateliers, performances, messes chantées. C’étaient des journées très dynamiques : chargées, mais pleines de vie. Remplies de cette fatigue qui vaut la peine d’être ressentie.

Combien de temps es-tu restée au Brésil ?

Presque trois semaines : du 12 au 31 juillet. De la phase 1 jusqu’à la phase 3, pour réaliser des ateliers et des performances à São Paulo, dans différents lieux de la ville.

Tu as donc suivi les trois phases du Genfest ?

Oui, avec beaucoup de passion, même si ma perspective était différente de celle des participants. Pendant la phase 1 nous étions à la Fazenda da Esperança à Pedrinhas (Guaratinguetá, São Paulo), l’une des premières fazendas masculines. C’est une communauté thérapeutique avec plus de 30 ans d’expérience dans la réhabilitation de jeunes dépendants aux drogues.

Quelles activités avez-vous menées ?

Là-bas, le Gen Verde répétait avec les danseurs, les chanteurs et les musiciens des deux autres groupes. Ensuite, toujours pendant la phase 1, nous avons entamé les ateliers artistiques d’un projet du Gen Verde appelé « Start Now Workshop Project » à Aparecida. Nous avons rencontré de nombreux jeunes du Genfest mais aussi ceux de la Fazenda da Esperança qui suivent un parcours de réhabilitation pour se libérer de leurs dépendances.

Start Now Workshop Project - Gen Verde
Start Now Workshop Project – Gen Verde

Quelles émotions as-tu ressenties pendant cette phase ?

De la joie, en voyant autant de jeunes travailler ensemble dans les ateliers de danse, chant, percussions et théâtre. En les voyant tout donner pour bien se préparer à la phase 2 et particulièrement au moment où ils allaient montrer leur travail à l’évènement central du Genfest aux côtés du Gen Verde. Ils voulaient se présenter au mieux de leurs capacités pour également transmettre la valeur de l’expérience vécue lors de ces journées extraordinaires.

La phase 2 s’est donc harmonieusement liée à la 1. Et la phase 3 ?

Pendant la phase 3 c’était également très enrichissant d’admirer le travail de nombreux jeunes de milieux différents, animés par des passions différentes, dans les huit communities consacrées à l’économie, à la politique, à l’écologie, à l’art et à la communication. Chacun a mis son talent et sa passion au service de la création d’un réseau et continuera à le faire pour assurer le développement de celui-ci à l’avenir.

Est-ce le sens de la phase 3 ?

Si, lors de la phase 1, c’était captivant de voir des jeunes du monde entier se mettre au travail, lors de la phase 3 j’étais impressionnée de voir leur regard tourné vers l’avenir.

Qu’entends-tu par cela ?

Le Genfest n’est pas censé être une fin en soi. C’est un évènement qui continue dans chacune des villes des nombreux jeunes qui y ont participé. Ainsi, le United World Project aussi remplit pleinement, véritablement, l’objectif pour lequel il est né.

Le Gen Verde a-t-il poursuivi son travail dans la phase 3 ?

Oui, au sein de la community de l’art et de l’engagement social. C’était inspirant de voir comment l’art peut déclencher le changement et faciliter l’amélioration de la société. Et c’était merveilleux de voir cela arriver aux jeunes, de les voir s’en convaincre.

Quels ont été pour toi les moments inoubliables de cette expérience ?

Les rencontres avec chaque personne. Surtout les frères et sœurs plus jeunes, les participants : ces jeunes déjà matures et conscients de ce qu’ils veulent. Leur engagement personnel pour générer un changement positif.

C’est en effet un signal important d’espoir et de vitalité.

Pour mon travail, je dois tout le temps monter et publier des vidéos. J’étais obligée de le faire sur place, dans l’arène, car nous étions tout le temps là-bas. Mais je n’y arrivais pas car je croisais constamment des gens que je n’avais pas vus depuis longtemps. Cela était une priorité aussi. J’étais en train de vivre quelque chose d’unique. J’ai très peu dormi, mais ça en valait la peine.

Avais-tu déjà vécu une expérience similaire ?

Les jours du Genfest m’ont beaucoup rappelé les JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) de Lisbonne en 2023. Près de 10 000 jeunes étaient alors présents pour un concert sur une place de la ville. Une multitude venant de différent pays, y compris de nombreux jeunes invités par leurs amis qui avaient participé à nos ateliers.

Quels souvenirs gardes-tu de ce concert ?

C’est difficile à expliquer. Parler de ce concert implique parler du Genfest et de ses significations. En voyant tous ces jeunes danser, profiter du concert et chanter, je savais que derrière tout cela il y a leur quotidien de personnes qui non seulement chantent ces chansons, mais qui s’efforcent de mettre en pratique leurs paroles.

"Gen Verde in concert" - Genfest 2024
« Gen Verde in concert » – Genfest 2024

On éprouve alors un rare sentiment de plénitude.

Le Gen Verde ne chante pas ses chansons juste pour qu’on danse ou chante avec, mais pour faire passer un message important. La musique, avec sa beauté, est la clé, l’instrument pour le faire passer. Pour le rendre plus percutant et puissant. Pendant qu’ils profitaient du concert, les jeunes d’Aparecida voulaient absorber le message contenu dans les textes.

Une énergie doublement positive…

Difficile à expliquer. Inoubliable.

Comment résumerais-tu l’expérience du Genfest ?

Précisément par ces moments qui vous donnent l’énergie d’affronter les situations les plus difficiles de la vie. Ils donnent une force profonde et essentielle.

Le moment historique que nous vivons est sans doute difficile. Je pense en particulier à la guerre. Margaret Karram, présidente du Mouvement des Focolari, a prononcé une phrase importante lors de ce Genfest : « Ne soyons pas en paix tant que nous n’aurons pas mis en œuvre la paix ».

Aujourd’hui il est difficile de ne pas se laisser abattre par autant de mauvaises nouvelles. Face à tant de mal, ce n’est pas facile de penser que je peux apporter, à mon échelle, un changement positif réel. Il m’arrive de me sentir impuissante. Cependant, j’ai la chance et le privilège de faire partie d’une réalité, le Gen Verde, dans laquelle nous essayons de ne pas penser que nous sommes seuls à lutter contre tant de difficultés. Nous sommes ensemble, et dans tout ce que nous faisons, sur scène comme en coulisses, nous essayons de témoigner que le choix de la paix est constant, quotidien.

Comment faire pour ne pas se laisser abattre ?

En essayant de ne pas écouter les nombreuses voix négatives, y compris celle que j’entends parfois à l’intérieur de moi et qui ne m’aide pas à aller de l’avant. La voix du pessimisme. En essayant plutôt de passer à l’action… C’est peut-être le chemin le plus dur, mais c’est celui qui porte le plus de fruits, du moins pour moi. Pour ma part, j’ai le privilège d’être entourée de personnes qui essaient de faire la même chose et cela m’aide beaucoup… non seulement lors des ateliers ou avec les chansons, mais surtout dans la vie de tous les jours, où nous essayons de mettre en pratique ce mode de vie et de ne pas tomber dans les pensées négatives.

Il y a un lien entre l’art et la vie chez le Gen Verde, pouvons-nous dire ainsi ?

C’est pour cela que le message arrive, parce qu’il est basé sur la vie. Sur ce que nous vivons entre nous, aussi. Il n’y a pas de différence entre le message et nous. Il y a de l’authenticité dans les paroles des chansons. Sinon, rien ne passerait. En revanche, si nous vivons ainsi, même au milieu de tant de violence et de guerre, un message positif peut être transmis. Après, la bonne musique, les beaux costumes et les belles vidéos sur les réseaux sociaux aident aussi. Car dans un monde de messages négatives, les messages positifs – dont celui de la paix est le plus urgent – doivent être transmis de la meilleure manière possible.

En conclusion, que gardes-tu aujourd’hui dans ton cœur des semaines au Brésil ?

Le fait d’avoir vu tant de personnes avec des histoires, des parcours et des cultures différentes consacrer les mêmes efforts à apporter un changement positif dans le monde. Des personnes peut-être différentes de soi, mais avec lesquelles on partage une vision commune… ou plutôt un rêve commun de la façon dont le monde pourrait être. Et qu’avec nos différences nous pouvons collaborer, dans plusieurs domaines, et faire chacun notre part pour que cette vision devienne réalité.


SHARE: