Workshop
Enfants et … citoyens!
Au Portugal, ils plantent des arbres pour repeupler les forêts qui ont brûlé lors des terribles incendies de 2018; en Italie, ils collaborent avec la Communauté de Sant’Egidio pour offrir des repas aux sans-abri; dans l’état de Sao Paulo, au Brésil, ils organisent la « Foire de l’échange de jouets »; au Burkina Faso, ils aident à coudre les masques anti Covid. Cela et bien plus encore dans les projets de citoyenneté active promus par les enfants des Focolare, les gen4 !
Les enfants peuvent-ils contribuer à la construction d’une ville et d’une société différentes? Francesco Tonucci, pédagogue et chercheur depuis 1966 du CNR (Italie) – Conseil National de la Recherche, ainsi qu’idéalisateur du projet international « La città dei bambini / La cité des enfants », pense que oui. Selon Tonucci, il faut repenser les villes à la mesure de l’enfant, et non à celle de l’adulte qui se déplace en voiture pour aller au travail. Avec leurs idées novatrices, leurs propositions, les enfants peuvent jouer un rôle actif dans le processus de changement, dans le gouvernement et dans la planification de la ville et de son espace urbain.
Une ville à la mesure des enfants, filles et garçons, est une ville qui convient à tous
Francesco Tonucci
De la même façon, le projet « Bambini Cittadini / Enfants Citoyens », qui participe à la campagne #daretocare , veut valoriser le rôle des enfants en faisant d’eux des protagonistes, en les aidant à développer des compétences de type social, en leur donnant une dignité entière au sein de la société dans laquelle ils se trouvent.
Il s’agit d’un projet promu par les Centres Gen4 du Mouvement des Focolari ; il est destiné aux enfants et aux éducateurs, pour l’implication active des enfants de 4 à 9 ans dans la mise en œuvre d’initiatives pour la prosocialité, la citoyenneté active, le bien commun et le respect de la nature. Milene Benjamin, des Centres Gen 4, explique: «Les gen4 sont les garçons et filles (4 à 9 ans) du Mouvement des Focolari. Ils résident dans environ 180 pays différents. Ils endossent et vivent la spiritualité de l’unité née de Chiara Lubich ; ils vivent l’amour envers les autres qui, au quotidien, les amène à se donner, à s’engager pour un monde plus uni et à diffuser les valeurs de paix et de fraternité universelle. Des enfants de différentes Églises et communautés ecclésiales, ainsi que des enfants de différentes religions ou convictions non religieuses, participent aux activités gen4 ». C’est à partir de cette expérience que sont nées les actions et initiatives promues par les enfants et tournées vers le dialogue, dans la reconnaissance et le respect des différentes identités, vers la protection de l’environnement et de la nature, l’aide aux défavorisés, vers l’engagement à guérir les blessures sociales de leur propre ville. Par exemple…
Au Portugal
En 2018, un petit groupe d’amis de la région de Carvalhal de Vermilhas fut, avec tristesse, témoin des incendies qui ont détruit les forêts de leur beau territoire. Mais leur tristesse s’est rapidement transformée en action. Les enfants ont décidé de planter de nouveaux arbres sur les coteaux, en choisissant les chênes, plus robustes. Ils ont expliqué: « Ainsi, quand nous grandirons, les chênes grandiront avec nous! » Au moyen d’un dépliant, ils ont invité tout le monde, petits et grands, parents et amis, à les aider. Le travail terminé, ils rangèrent bottes et gants de jardinier et, ensemble, firent un grand pique-nique, avec des jeux et… beaucoup de plaisir. L’année suivante, ils sont revenus pour voir si les arbres poussaient et en ont planté d’autres. Cette année, en raison de la pandémie, ils n’ont malheureusement pas pu revenir … mais ils ont reçu avec joie, d’une association locale, les photos des chênes qui ont grandi!
Au Burkina Faso
Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, durant la pandémie, les gen4 avec leurs familles se sont engagés à coudre les masques de protection qu’ils ont ensuite donnés à ceux qui en avaient besoin.
Au Brésil.
Les gen4 de l’état de São Paolo sont les promoteurs de la « Foire de l’échange de jouets », qui a lieu à l’occasion de la Journée Universelle de l’Enfant. Chaque enfant participant à la foire apporte avec lui ses jeux à échanger, mais avec l’intention de n’en ramener qu’un seul à la maison, tandis que les autres vont aux enfants les plus pauvres. Les plus petits sont les premiers à pouvoir choisir les jouets. Le but de l’activité est de lutter contre la société de consommation, d’aider les familles à épargner et de soutenir la nature en recyclant les jeux.
En Italie,
Avec leurs familles, les gen4 des villes de Pescara et Chieti ont aidé la Communauté de Sant’Egidio dans la distribution de nourriture aux sans-abris de ces villes. Pendant une semaine, chaque famille s’est engagée à préparer le dîner pour 5 personnes: des sandwichs, des fruits, de l’eau, un dessert, accompagnés d’un billet où chaque enfant exprimait tout son amour. Les bénévoles de la communauté de Sant’Egidio racontent: «Certaines personnes ayant reçu les sandwichs ont été touchées par ce geste d’amitié, surtout parce qu’il provenait de familles et d’enfants. Par exemple, un homme, un peu réservé, avait reçu un sac qui ne contenait pas de billet : peu de temps après, il nous l’a demandé! Nous l’avons pris dans un autre sac et il en était très content, même s’il ne l’a pas laissé paraître! Ou, quand un autre garçon avait gentiment décliné l’offre de nourriture, nous lui avons dit que le sandwich avait été fait par des enfants : il a alors lu les souhaits sur le billet et a aussitôt mangé, en partageant le sandwich avec un ami! ». La famille d’un gen4 avait reçu un bon en espèces à cause du Covid : après cette expérience, elle a décidé d’en faire don pour l’aide aux familles immigrées pauvres.
Et voilà ! c’est de ces expériences, et d’autres sur le terrain, ayant pour protagonistes des enfants, soutenus par des adultes, qu’est née l’idée du projet «Enfants citoyens». De toute petites actions prosociales qui engendrent la réciprocité, le don, le soin pour les autres, pour l’environnement et les villes, qui engendrent des relations entre collègues de différentes cultures et religions, pour la promotion de la paix. «Avec ce projet, nous aimerions donner de plus en plus d’espace aux enfants pour qu’ils puissent s’exprimer, regarder autour d’eux et dire comment ils souhaiteraient cette société. Et il faut des adultes capables d’entendre ce «regard» des enfants – explique Carina Rossa (LUMSA – Scuola di Alta Formazione EIS – Université LUMSA Rome – École de Haute Formation EIS ), à qui fut confiée la coordination scientifique du projet «Enfants Citoyens» – Les enfants ont un langage différent: ils emploient des métaphores, ils utilisent leur imagination … Il y a une grande part de vérité dans leurs propositions, même si cela peut paraître fantaisiste aux yeux de l’adulte, mais les idées novatrices viennent de là! Les enfants ont toujours un regard vers l’avenir et le nouveau, un regard que, me semble-t-il, la société doive récupérer. »