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La force du Genfest : le témoignage de Luísa Rodrigues

 
8 novembre 2024   |   Brésil, genfest 2024, United World Project
 

Le témoignage de Luísa Rodrigues, collaboratrice de United World Project, qui a vécu directement le Genfest, l’événement international des jeunes du Mouvement des Focolari.

2024 a été l’année du Genfest d’Aparecida, au Brésil : une grande opportunité pour les jeunes du monde entier. Nous l’avons raconté en plusieurs articles et interviews sur l’histoire et l’actualité de cet événement extraordinaire organisé afin de continuer à construire l’unité et la fraternité entre les peuples.

Il nous était alors difficile de ne pas écouter les témoignages de deux collaboratrices historiques de www.unitedworldproject.org : Anita Martinez et Luísa Rodrigues, qui ont vécu cet événement divisé en trois phases. Nous croyons que ce qu’elles en retiennent et leurs réflexions peuvent être très utiles pour mieux comprendre la valeur de cet événement marquant. Avec Luisa, nous sommes partis du moment où elle a su qu’elle y prendrait part.

Anita Martinez e Lu
Anita Martinez e Luísa Rodrigues

Quand as-tu su que tu allais participer au Genfest d’Aparecida ?

J’avais participé au Genfest de Budapest, en 2012, et à celui de Manille, en 2018. Celui du Brésil nous fut annoncé pour 2024. En l’apprenant, nous, les Brésiliens, nous avons fait la fête, tout en ayant conscience de notre grande responsabilité : c’était à nous de jouer ! Nous savions du grand impact du Genfest sur les jeunes du monde. Nous avons tout de suite souhaité que d’autres puissent vivre ce que nous, nous avions vécu.

Puis, le Covid.

Ce ne fut pas un processus de préparation normal. Des doutes ont surgi sur l’organisation pour 2024, que ce soit en présentiel ou non. Nous avons beaucoup discuté, entre le Brésil et les organisateurs à Rome, au siège du Mouvement. Nous nous sommes mis d’accord sur l’importance que ce soit en présentiel : Aparecida, près de São Paulo, fut choisie pour des raisons géographiques, logistiques et économiques.

Comment s’est déroulé ton travail ?

Je me suis principalement consacré à la phase 1, celle du volontariat, du 12 au 18 juillet, avec des réalisations du Brésil et d’Amérique latine. Dans ma ville, Brasília, il y a AFAGO : une ONG qui aide les enfants et les familles en vulnérabilité économique. Elle agit à l’égard de l’entier du noyau familial. Nous avons reçu 70 jeunes de nombreux pays du monde, 40 venaient de divers endroits du Brésil.

Un travail qui a débuté avant 2024.

Un an auparavant, nous commencions à aller chez AFAGO tous les mois, pour instaurer une bonne relation avec les familles. Parvenus au Genfest, régnait une belle amitié.

Une relation qui va en s’amplifiant ?

Nous avons commencé à 5 et, à la fin, c’était 35 personnes, qui furent entre-temps incitées à participer au Genfest. Avec des langues et cultures différentes, c’était génial d’apprendre à se connaître malgré cette limitation. S’impliquer pour interagir avec les enfants.

Était-ce pour toi la première expérience de ce genre ?

J’avais vécu quelque chose de semblable au Genfest de Manille : j’étais heureuse d’offrir mon expérience pour aider les autres.

Comment résumerais-tu le Genfest ?

Un rêve et un appel : aux amis qui ont soif de vie, de justice et de paix.

Qu’as-tu alors ressenti ?

De la joie pour la relation établie entre nous, les enfants et les gens de la Communauté. Le dernier jour, nous avons partagé nos impressions sur la semaine. Tout le monde pleurait de bonheur et déjà de nostalgie.

Toi aussi ?

Oui. Je me suis souvent émotionnée. Dieu se manifestait dans les autres. On respirait une volonté authentique de monde uni, de fraternité, le désir d’apporter de l’amour au monde.

De fait, le thème du Genfest était « Together to care »

Prendre soin ensemble. Tout était vrai, c’était là. Concret. Profond. Au travers de ce que nous étions en train de vivre.

Ensuite, la phase 2 :

J’ai travaillé sur le stand de United World Project. Comme c’est beau de montrer au monde son travail, en vue de nouer des relations, de se mettre en réseau et de faire connaître cet espace dans lequel nous parlons d’un monde uni. J’ai perçu une grande curiosité de la part des personnes.

D’autres souvenirs de la phase 2 ?

Le premier jour, les « Commuities » ont présenté leur travail dans un workshop. Puis il y eut une célébration interreligieuse pour la paix, que je considère comme l’un des plus beaux moments du Genfest. Il y avait des représentants de diverses églises chrétiennes, de religions d’afrodescendants, d’agnostiques. Chacun apportait son témoignage de foi et offrait ses intentions pour la paix. Un jeune hindou dansait : c’était sa façon de prier et de se manifester pour la paix. À travers l’art.

Très beau.

Un rêve devenu réalité. Voir tant de personnes de fois diverses rassemblées dans l’amour. Parce que cela nous unit. Nous ne devons pas considérer ce qui nous divise, mais le désir commun d’unité. Tout le monde a l’amour comme base.

Retour aux « Communities » …

Elles ont mis beaucoup d’efforts dans leurs ateliers. Des personnes nombreuses les ont vécus comme des expériences importantes : des rencontres pratiques pour connaître ce que chaque communauté peut faire.

Qu’as-tu à cœur de retenir d’autre de ces jours-là ?

Les expériences vécues racontées sur scène. Sur des projets d’économie, de communion et d’écologie. Aussi des expériences personnelles sur la fragilité et la douleur.

Certaines en particulier ?

Une jeune syrienne, avec une histoire de guerre et souffrance. Elle était sur le point de terminer l’université, il lui manquait sa thèse. Je me mets à sa place : c’est pénible d’obtenir son diplôme, dans un tel contexte. Dans sa thèse, il est question de fraternité et de paix. 

Touchant.

Une autre histoire forte fut celle d’un enfant soldat. Un garçon de Sierra Leone qui, depuis petit, fut contraint à faire la guerre. Il ne connaissait que la mort et la violence, jusqu’à ce qu’il réussisse à s’échapper. Il était persuadé que sa mère était morte. Puis il l’a retrouvée, en même temps que le chemin du pardon. Il a connu le Mouvement des Focolari : l’art d’aimer dont parlait Chiara Lubich. Il s’est sorti des ténèbres de la violence extrême. Aujourd’hui, il travaille à apporter la paix dans son pays.

Nous avons également parlé de cette histoire sur unitedworldroject.org

Puis le vécu d’une jeune Italienne, la chanteuse Francesca Gallo. Elle a parlé du harcèlement subi à l’école et de la façon dont elle l’a surmonté grâce à sa famille et à de vrais amis. Elle a mis sa douleur dans des chansons, se reprenant à vivre.

Qu’ont-elles en commun, ces histoires ?

Espérance ! Lumière pour nos défis.

Je voudrais te demander encore quelque chose sur l’AFAGO. Comment cela fonctionne-t-il ? Qui sont les enfants dont vous vous occupez ?

L’association prend en charge environ 82 familles avec enfants : ceux-ci n’ont jamais quitté leur quartier et sa pauvreté. Ils n’ont jamais vu le centre de Brasilia. En ces jours-là, le monde s’est ouvert à eux. Ils percevaient un avenir plus vaste. Je fus profondément frappé de leur bonheur. Nous nous sommes sentis aimés. Avec eux nous avons créé des ateliers de musique et de danse, en y mélangeant pays et cultures.

Au-delà des différences…

Le langage de l’amour donne envie de connaître l’autre. J’étais sûre de vouloir continuer dans cette voie, soit d’apporter aussi le monde uni aux plus petits et aux exclus. C’est la route vers le vrai bonheur. Nous continuons dans cette voie, après le Genfest : un samedi par mois. Beaucoup de travail, mais tout autant de joie.

S’agit-il là des fruits du Genfest ?

Ce Genfest m’a enseigné la joie de donner de mon temps et de ma force pour quelque chose qui peut faire la différence, qui change la vie de quelqu’un d’autre. Cela m’a donné la joie de vivre le monde uni, de le sentir, de le toucher. Une chose de le dire, une autre de le vivre.

Vrai.

Un autre mot de ce Genfest est « miracle ».

Dans quel sens ?

Il y eut des problèmes et défis. J’avais aussi la crainte que quelque chose puisse ne pas bien fonctionner. C’est donc le miracle de nombreuses personnes qui ont beaucoup fait. Pour moi, ce fut le Genfest le plus spécial. Cela m’a fait comprendre que sont nombreux les groupes, personnes et projets œuvrant pour un monde meilleur. Je les ai vus dans les différents stands, au centre prévu pour les événements. Durabilité, travail, économie de communion. Le désir et l’engagement pour un monde uni existent partout dans le monde. Une grande leçon.

Carburant pour l’avenir.

De fait, l’autre réflexion, c’est qu’on ne peut pas s’arrêter là. Nous devons continuer à nous engager. Établir des relations avec ces groupes, se mettre en réseau. Ensemble, nous sommes plus forts et mieux à même de « prendre soin ». Nous devons trouver des espaces pour nous connaître. La connaissance mutuelle ouvre les horizons et les cœurs.

À qui voudrais-tu faire passer ce message ?

Aux nombreux jeunes qui n’y croient plus. Qui n’ont plus d’espoir, face aux guerres et aux crises environnementales. Qui ne trouvent pas de réponses. C’est ça l’importance de United World Project et du Genfest : montrer le travail de qui cherche à changer les choses. De qui se met en jeu, en tant que protagoniste.

Blessures et espoir, difficulté et persévérance à aller de l’avant.

C’est ce que résume la phrase de Margaret Karram, l’actuelle présidente du Mouvement des Focolari : « Ne nous reposons pas tant que nous n’aurons pas atteint la paix ». Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et attendre que quelqu’un d’autre agisse. Dans le Genfest se trouvent des outils et des opportunités. Regardez, c’est la réalité du monde, il y a ces très belles actions. Voulez-vous en faire partie ? Grâce à ces groupes, à ces projets de United World Community, nous pouvons avoir un impact sur tout le globe. N’importe la religion, la culture, le pays, la langue !

Chiara Lubich elle-même, fondatrice du Mouvement des Focolari, était jeune à une époque difficile : sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale.

Mais elle n’a pas renoncé à rêver de grandes choses. Malgré la guerre, elle rêvait de l’unité universelle, de toutes et tous qui sont un. Au Genfest, fut mis en avant ce lien entre Chiara et nous, les jeunes, aujourd’hui : à travers son texte « Uomo Mundo ». Nous aussi, nous pouvons rêver, tout en agissant et travaillant pour que ce rêve devienne réalité.


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