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Les Jeux Paralympiques : où le 15 % en sont les protagonistes
Que savons-nous des Jeux Paralympiques ? Peu ou beaucoup, peu importe : dans cet article, nous découvrons leur histoire, quelques curiosités, les différences d’avec les Jeux Olympiques et les éléments qui en font un événement sportif unique et différent de tous les autres.
Ces jours-ci, à Tokyo, se déroule la 16e édition des Jeux Paralympiques de l’histoire. Le slogan de ces Jeux est « Unis par l’émotion » : y participent 163 délégations dans 22 disciplines sportives. Dans cet article, nous en apprenons davantage sur leur histoire, leur nom et la flamme paralympique, ainsi que sur la grande campagne des Jeux Paraolympiques de Tokyo 2020 : #WeThe15.
Pourquoi s’appellent-ils Jeux Paralympiques ?
Comme on peut le déduire, le mot « olympique » vient d’Olympia, l’endroit où les Jeux Olympiques sont nés en Grèce (pour en savoir plus sur les Jeux Olympiques, nous vous invitons à lire cet article).
Mais que signifie « paralympiques » ?
À l’origine, le nom était dérivé de l’union entre les mots « para », qui était pour « paralysie » ou « paraplégie » (puisque seules les personnes ayant cette forme de handicap physique y participaient à l’époque) et « olympiques ». Cependant, le terme fut adopté par la suite parce qu’en grec le préfixe παρά (parà) signifie « ensemble avec », pour désigner précisément un événement organisé avec les Jeux Olympiques.
En 2001, le Comité International Olympique et le Comité International Paralympique signèrent un accord décrétant l’inclusion automatique des Jeux Paralympiques dans le vote pour décider de la ville hôte des Jeux Olympiques (d’été et d’hiver).
Qui est Ludwig Guttmann, père des Paralympiades ?
Ludwig Guttmann était un neurologue juif, naturalisé britannique après sa fuite de l’Allemagne nazie avant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Guttmann était considéré comme le plus grand neurochirurgien allemand jusqu’à ce que les nazis interdisent aux juifs d’exercer la profession médicale. Guttmann était devenu directeur de l’hôpital juif de Breslau entre 1933 et 1937. En 1938, il désobéit à l’ordre de la Gestapo de ne pas s’occuper de patients non juifs et décida de laisser entrer quiconque dans l’hôpital. Face aux pressions de la Gestapo pour qu’il rende compte de sa désobéissance, Ludwig fut contraint de fuir le pays et demanda l’aide du Conseil d’assistance aux réfugiés académiques (CARA) pour pouvoir s’établir en Angleterre.
Entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, le taux de mortalité par paraplégie traumatique dans l’armée britannique atteignait 80 %. C’est pour cette raison que Guttmann a effectué des recherches sur les soins et la réadaptation, en faveur des patients souffrant de lésions de la moelle épinière. Sur la base de cette étude, la décision fut prise d’ouvrir un centre pour soigner les personnes atteintes de ce type de lésion.
En 1944, sous la direction du Dr Guttmann, est entré en activité l’hôpital Stoke Mandeville d’Aylesbury, dans le sud-est de l’Angleterre. Initialement ouvert uniquement aux militaires blessés, y furent ensuite également soignés les civils. L’objectif principal de Guttmann était la réinsertion des patients en tant que membres respectés par la société, objectif qu’il atteignit en appliquant ses propres méthodes de traitement.
Comment naissent les Jeux Paralympiques par l’entremise de Guttmann ?
Dans sa jeunesse, Guttmann avait fait du sport et en connaissait l’importance. Il y voyait une activité qui aide à retrouver les forces, la coordination et la résistance, et qui, en outre, permet de contrer les handicaps psychologiques auxquels peuvent être confrontés, dans une moindre ou plus grande mesure, les personnes handicapées : isolement, faible estime de soi, anxiété, etc.
Pour cette raison, à l’hôpital Stoke Mandeville, les personnes en fauteuil roulant se mirent à pratiquer des activités sportives telles que le basket-ball, le tir à l’arc, le netball, le lancer du javelot, le billard… et en 1948 eurent lieu les Jeux de Stoke Mandeville, auxquels fut invitée une équipe de patients d’un autre hôpital. En 1949, 37 athlètes de six hôpitaux y ont participé et un mouvement semblable à l’olympisme a commencé à prendre vie, mais dont les protagonistes étaient des athlètes handicapés. En 1951, 126 participants sont venus de tout le Royaume-Uni, puis, en 1952, y participèrent pour la première fois des athlètes d’un autre pays (les Pays-Bas). Peu après, en 1959, se furent 360 participants de 20 pays.
C’est ainsi qu’est arrivé 1960, année des premiers Jeux Paralympiques de l’histoire, peu après les Jeux Olympiques de Rome. Seules les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière participèrent à ces Jeux.
Australian team 1960 Paralympics Opening Ceremony (License Creative Commons)Les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020
Aujourd’hui, les Jeux Paralympiques comprennent une série de disciplines divisées en sous-catégories, selon le type de handicap des athlètes. Les incapacités peuvent concerner la puissance musculaire, la gamme passive de mouvement, le manque total ou partiel de membres, la petite taille, l’hypertonie, l’ataxie, l’athétose, le déficit visuel et la déficience intellectuelle. Ces catégories se subdivisent à leur tour et varient d’un sport à l’autre.
Ces Jeux accueillent 539 épreuves de 22 disciplines sportives (cette édition a ajouté le badminton et le taekwondo, qui ont pris la place du football à 7 et de la voile, annulés faute de participation internationale).
La cérémonie inaugurale de Tokyo 2020
Bien que la cérémonie comporte presque tous les mêmes éléments que les Jeux Olympiques, il y a quelques particularités. L’une d’entre elles est qu’aux Jeux Paralympiques ce n’est pas la Grèce qui défile en premier, vu qu’elle n’est pas le berceau de cette épreuve.
L’ordre des pays dans le défilé est établi par ordre alphabétique de la langue locale : par exemple, en japonais, l’Islande et l’Irlande sont en tête de liste. Cependant, qui a ouvert le défilé fut l’Equipe Paralympique de Réfugiés. Celle qui l’a clos fut la délégation locale, le Japon.
La flamme paralympique
Comme nous l’avons écrit dans l’article sur les Jeux Olympiques, la flamme de cet événement part du berceau des Jeux qui est Olympia, en Grèce. Aux Jeux Paralympiques, en revanche, la flamme naît dans le pays d’accueil et celui-ci décide comment l’allumer.
Lors des Jeux Paralympiques de 2012 à Londres, on opta d’allumer une torche dans chacune des quatre nations qui composent le Royaume-Uni (Pays de Galles, Angleterre, Irlande du Nord et Écosse), pour ensuite les réunir et allumer ainsi la flamme olympique au stade de Stoke Mandeville, ville où Ludwig Guttmann a donné naissance aux Jeux Paralympiques.
À Athènes 2004, la flamme avait été allumée au cœur de la ville, au Theseion ou temple d’Hephaïstos, en l’honneur du dieu du feu qui, selon la mythologie hellénique, possédait un handicap – il boîtait -, après avoir été jeté de l’Olympe par sa mère Héra.
À Tokyo 2020, la flamme a été allumée dans chacune des 47 préfectures du Japon par différentes personnes et dans des lieux symboliques, tels que l’emblématique « Dôme Genbaku », également connu sous le nom de « Dôme de la Bombe », aujourd’hui Mémorial de la Paix situé à l’endroit où est tombée la première bombe atomique lancée par les États-Unis.
Les délégations aux JJPP de Tokyo 2020
163 délégations participent à ces Jeux Paralympiques, dont l’Équipe Paralympique de Réfugiés (RPT, son sigle en anglais), le Comité olympique russe (la Fédération de Russie ayant été pénalisée et ne pouvant participer en tant que nation) et la délégation afghane, dont les athlètes étaient absents au moment de la cérémonie. Cela s’explique par le fait que, le 16 août, à la suite de la prise de Kaboul par les talibans, l’Afghanistan s’était retiré de l’événement. Ses deux représentants, le taekwondiste Zakia Khudadadi et le coureur Hossain Rasouli, ont toutefois pu se rendre à Tokyo le 28 août et participer aux Jeux.
#WeThe15, la campagne des Jeux de Tokyo 2020
15% de la population mondiale possède une forme quelconque de handicap : cette campagne vise à attirer l’attention sur ces personnes. L’objectif de « Nous, le 15 » ou « WeThe15 » est de rompre les barrières et de « lancer un changement au cours de la prochaine décennie, réunissant la plus grande coalition d’organisations internationales dans les domaines du sport, des droits de l’homme, de la politique, de la communication, de l’entrepreneuriat, de l’art et du spectacle ».
« Tout comme pour la race, le sexe ou l’orientation sexuelle, nous voulons compter avec un mouvement auquel peuvent s’unir toutes les personnes handicapées. Un mouvement mondial qui fasse une campagne publique pour la visibilité, l’inclusion et l’accessibilité du handicap », explique le site officiel de la campagne.
Les Jeux Paralympiques, bien que notablement moins populaires que les Jeux Olympiques, sont l’occasion d’aider les athlètes de nos pays (et des autres) à obtenir une meilleure place dans le monde du sport et dans la société.
Les Jeux Paralympiques sont une occasion de comprendre la capacité de résilience de l’être humain, la capacité que nous avons à dépasser nos limites, à faire plus que ce que nous croyons possible, à renaître de la douleur.
Et, plus que tout, les Jeux Paralympiques sont, comme l’a rêvé leur créateur Ludwig Guttmann, une occasion de donner une visibilité aux personnes handicapées, afin de les respecter comme les autres et de créer des espaces où elles peuvent développer leur potentiel. Ni plus ni moins.
Suivez nos médias sociaux pour connaître d’autres #funfacts sur les Jeux paralympiques :
#paralympics • It’s the first time that Paralympic medals have been designed for athletes who are visually impaired.
It's an especially meaningful year for the athletes, as it's also the first time US Paralympians will earn the same pay as US Olympians. #Tokio2020 pic.twitter.com/ycQ0dhxdtL— United World Project (@UWP_official) September 2, 2021